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Le Sommet international des coopératives, qui s’est tenu à Québec du 6 au 9 octobre 2014, a attiré plus de 3 000 personnes provenant de 93 pays. Cette deuxième édition s’est inscrite dans la continuité de la première, tenue en 2012 : en effet, alors qu’on avait dressé à l’époque un portrait du secteur coopératif et affermi la légitimité de cette forme d’entreprise, on s’est concentré cette année à prévoir les enjeux mondiaux et à établir des stratégies pour y faire face, en mettant l’accent sur l’innovation. Le Sommet a donc été un événement stimulant aux retombées internationales.

Pendant trois jours, les participants au Sommet ont eu droit à un grand flot d’information (notamment des résultats d’études), ce qui a produit à la fois un sentiment d’enthousiasme et d’urgence. Les principaux thèmes du Sommet – les soins de santé et services à la personne, l’emploi, la sécurité alimentaire, le financement et la capitalisation des coopératives, et le développement des entreprises coopératives et mutuelles – ont été explorés dans le cadre de forums, de tables rondes, de présentations et de débats interactifs. Le nombre de séances était très élevé, si bien qu’il était tout simplement impossible d’assister à chacune d’entre elles, et il fallait donc faire des choix parfois déchirants. Comme prévu, les séances plénières ont attiré beaucoup de participants. Les activités connexes et autres rencontres tenues en marge du Sommet, pour plusieurs l’initiative de membres de Coopératives et mutuelles Canada (CMC), ont quant à elles attiré près de 2 000 participants au cours de la semaine, contribuant largement au succès du Sommet. Presque toutes les séances se sont tenues à pleine capacité, et les conférenciers et panélistes ont pu y explorer différents sujets devant un auditoire attentif.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a présenté lundi devant une salle comble une allocution de bienvenue durant laquelle il a démontré son appui au modèle coopératif et affirmé que son gouvernement souhaite travailler étroitement avec le mouvement pour faire évoluer le cadre législatif et juridique qui s’applique aux coopératives québécoises. Il a même ajouté qu’il s’agissait là d’un élément central du plan de création d’emplois de son gouvernement. Il va sans dire que cette déclaration a été chaudement applaudie par les participants.

Les résultats de nombreuses études internationales ont été dévoilés au Sommet. Ces études portaient principalement sur les thèmes du Sommet et ciblaient la capacité innovante du modèle d’affaires coopératif et mutualiste. Elles visaient notamment à analyser de façon quantitative et qualitative les coopératives et leur impact dans l’économie mondiale; ces analyses, grandement attendues, étaient d’ailleurs au cœur du programme du Sommet.

L’une des conclusions les plus marquantes, présentée dans le cadre d’une étude réalisée par l’Organisation internationale des coopératives de production industrielle, d’artisanat et de services (CICOPA), est que les entreprises coopératives emploient, à temps plein ou à temps partiel, au moins 250 millions de personnes à l’échelle mondiale. L’estimation précédente avait été établie à 100 millions de personnes, ce qui était déjà 20 % de plus que le nombre de personnes employées par les multinationales; de voir ce nombre augmenter de 150 % a donc été une grande nouvelle.  

La troisième édition du World Co-operative Monitor a été publiée dans le cadre du Sommet. Cette édition 2014 révèle que le chiffre d’affaires global des 300 coopératives les plus importantes au monde s’élève annuellement à 2 200 milliards de dollars américains, soit l’équivalent de l’économie du Brésil. Ce chiffre est stupéfiant, considérant qu’il ne tient compte que des plus grandes entreprises.

CMC, en partenariat avec le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), a accueilli les participants du Sommet à Place Canada, un espace unique en son genre installé dans l’Exposition, et qui a permis aux visiteurs de prendre connaissance d’une foule de renseignements dans une ambiance conviviale et chaleureuse. Les visiteurs ont également pu goûter au chocolat Camino de la coopérative La Siembra – désormais reconnue mondialement – en plus de se voir servir du café équitable de qualité et de découvrir la Rochdale, une toute nouvelle bière produite conjointement par quatre microbrasseries coopératives du Québec. Place Canada a parfaitement joué son rôle comme lieu de rencontre et de réseautage, donnant du même coup une importante vitrine aux coopérateurs canadiens ayant participé au Sommet.

Le CQCM a joué un rôle central au Sommet : en plus d’avoir contribué à la mise sur pied de Place Canada, il a généreusement organisé une série d’activités et événements spéciaux, y compris des visites de coopératives de la région de Québec et un gala découverte visant à honorer six coopératives qui se démarquent. Le CQCM a aussi coordonné un symposium international de recherche sur les coopératives, qui a donné l’occasion aux chercheurs ayant publié des rapports au Sommet de présenter brièvement leurs recherches.

La première édition du concours international Top Coop s’est tenue pendant le Sommet. Ce concours vise à récompenser les organisations qui mettent de l’avant leur positionnement coopératif ou mutualiste par des campagnes publicitaires et des stratégies de communication innovantes. Le Canada a fait bonne figure en remportant le prestigieux prix « Excellence » dans deux catégories : Vancity a d’abord remporté ce prix dans la catégorie « Publicité + Marketing » pour sa campagne intitulée « Smart Money », puis l’Ontario Co-operative Association en a fait autant dans la catégorie « Mobilisation + Implication » pour son programme d’éducation novateur « All 4 Each ». Kerr Smith, gestionnaire pédagogique de l’Ontario Co-operative Association, a reçu ce prix des mains de Charles Gould, directeur général de l’Alliance coopérative internationale. Ce fut un moment de grande fierté pour le mouvement coopératif canadien, et les attentes sont maintenant très élevées pour le prochain concours.

Pas moins de 265 personnes ont pris part aux activités pour jeunes leaders dans le cadre du Sommet. La déclaration des jeunes leaders, intitulée Coopérer pour transformer la société, a suscité de nombreuses réactions, notamment de la part de Dame Pauline Green, présidente de l’Alliance coopérative internationale, qui lui a donné tout son appui durant son allocution de fermeture. Les jeunes leaders ont repris de nombreuses critiques d’ordre général concernant la diversité de représentation au sein des panels du Sommet, et ils se sont engagés à travailler auprès du réseau Jeunesse de l’Alliance coopérative internationale pour réaliser la vision définie dans leur manifeste.

Les conférenciers principaux du Sommet ont présenté des points de vue pertinents qui ont trouvé écho auprès de la plupart des participants. Jeffrey Sachs et David K. Foot, en particulier, ont donné des présentations qui incitent à la réflexion. Robert Shiller, lauréat du prix Nobel d’économie en 2013, a affirmé que la croissance de l’inégalité crée de nombreux effets négatifs et qu’il faut coopérer et se préparer à ajuster l’imposition pour éviter une crise. Il estime que nous évoluons peu à peu vers un modèle économique plus empathique et que la coopération est un élément clé de cette évolution.

La Déclaration du Sommet reflète les thèmes généraux et propose des plans d’action précis qui seront présentés dans les prochains mois à des organisations internationales telles que l’ONU, l’OIT et la Banque mondiale, ainsi qu’à des gouvernements nationaux. Par ailleurs, le modèle coopératif a continué sur sa lancée après le Sommet, l’événement ayant suscité des réactions positives tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du mouvement coopératif.

L’héritage de ce deuxième Sommet sera mesuré par ce qui a été mis en commun, par les mesures qui auront été entreprises en rapport avec elle, ainsi que par tout ce qu’aura enclenché cette extraordinaire occasion de réseautage. Le Canada – et la Ville de Québec – auront assurément apporté une fière contribution à l’histoire de la coopération.

Le Sommet international des coopératives aura également permis de consolider les principaux objectifs stratégiques de CMC. Le Sommet a montré l’importance d’harmoniser la collecte de données sur le secteur coopératif au Canada avec le World Co-operative Monitor; il a aussi montré la nécessité de quantifier dès que possible les impacts sociaux, environnementaux et économiques du secteur.
 
Le Sommet nous a montré que le lancement du Fonds canadien d’investissement coopératif, une réalisation concrète associée au principe coopératif nº 6 (la coopération entre les coopératives), correspond très bien à la vision de l’intercoopération qu’entretiennent les autres coopérateurs ailleurs dans le monde. Il semble maintenant logique, particulièrement à la lumière des commentaires formulés par Philippe Couillard pendant la cérémonie d’ouverture, que la prochaine étape soit de demander au gouvernement fédéral de participer à l’élaboration d’une stratégie nationale de développement coopératif.

Enfin, le Sommet a constitué une occasion de partager des idées sur les façons de communiquer avec le public et d’assurer un réseautage planétaire (par l’intermédiaire des technologies numériques) de manière à optimiser les chances que le modèle coopératif soit le modèle d’entreprise ayant la croissance la plus rapide d’ici 2020. Sommet à la ville de Québec a été un grand pas en avant si cet objectif ambitieux est de devenir une réalité.

Quelques instants du Sommet 2014